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AU DAKAR LES PATRONS SONT AU RENDEZ-VOUS

L’œil dans l’objectif : terrain décisif ! Avec plus de 4700 kilomètres de spéciale sur deux semaines de course, il est toujours possible de spéculer sur l’endroit où se joue la victoire. Les dunes de l’Empty Quarter ont eu leur importance à coup sûr, les pierres volcaniques de la première étape ont également joué un rôle, et l’on pourrait énumérer les dégâts enregistrés sur chacune des étapes dans l’une ou l’autre des catégories. Il reste que le trajet d’AlUla à Yanbu signifiait bien une échéance, l’heure de vérité pour les prétendants au titre. Sur les 420 kilomètres de secteur chronométré, les leaders étaient en mission pour résister à des poursuivants à l’assaut. C’est ce qu’à su faire Ricky Brabec, toujours serein malgré la victoire d’étape de Ross Branch, et Carlos Sainz en bénéficiant des déboires de Sébastien Loeb.

L’essentiel : tout était encore possible… mais dans des proportions relatives chez les motards, où le Monster Energy Honda Team avait cadenassé la situation en ce qui concerne la position de leader de Ricky Brabec. Le pacte étant accepté par tous les rouges, il restait toutefois l’enjeu de la deuxième place à régler, accessible par un Adrien Van Beveren en grande forme ou encore par « Nacho » Cornejo, les deux démarrant la journée avec moins de 4 minutes de retard sur Ross Branch. Le cas du Chilien a été réglé à hauteur du km 111, où il a dû se débattre avec sa moto pour régler un problème de pompe à essence. Pendant ce temps-là, le pilote Hero parti en cinquième position a pu profiter pour remonter la file, attraper sa deuxième victoire de spéciale de la quinzaine et se rapprocher très légèrement de Brabec : un modèle de gestion de sa deuxième place au général. Adrien Van Beveren conservait quant à lui son rang de troisième homme en dépit d’une belle frayeur lorsqu’une rencontre avec un troupeau de dromadaires s’est achevée par une grosse culbute. Les rebondissements s’arrêtent là pour les deux roues, mais ont encore été spectaculaires dans la catégorie Ultimate, le duel Sainz-Loeb ayant offert aux addicts du « live tracking » des sueurs froides tout au long de la journée. Au rythme des péripéties de Loeb (voir coup dur), les scénarios ont varié à plusieurs reprises. Le pilote BRX a pu sauver sa place sur le podium, mais la doit en grande partie à la première grosse dégringolade vécue sur le Dakar par Lucas Moraes. En perdant plus de deux heures, le Brésilien tombe de haut, précisément de la 3e à la 9e place de la hiérarchie. Au contraire, Guerlain Chicherit, toujours dans une belle allure en fin de Dakar, a poursuivi sa remontée et atteint maintenant la 4e place grâce à une deuxième étape remportée consécutivement en tant qu’ouvreur. Pour monter sur « la boite », il lui faudrait demain gagner 7 minutes en 175 kilomètres sur Sébastien Loeb, toujours en s’élançant le premier. L’équation n’est pas simple. En Challenger, il reste très peu de risques de voir Mitch Guthrie sombrer en tête de la catégorie avec plus de 25 minutes d’avance sur Gutierrez, mais le couple Cavigliasso-Pertegarini peut tenter le triplé après avoir remporté une deuxième étape d’affilée (voir perf du jour). En revanche, Xavier de Soultrait devra surveiller de très près son premier rival dans la hiérarchie, Jérôme de Sadeleer, posté à 2’49’’. Mais en camions, malgré la 10e victoire d’étape de sa carrière, Ales Loprais n’est toujours pas redescendu en-dessous de la barre des 2 heures de retard derrière Martin Macik. C’est lui qui devrait ramener le drapeau tchèque au sommet du classement final et s’en draper fièrement sur le podium de Yanbu demain soir.

La perf du jour : il aurait fallu que Nicolas Cavigliasso démarre sa démonstration un peu plus tôt pour jouer un rôle majeur sur ce Dakar 2024, comme il l’avait fait lorsqu’il avait débuté en tant que quadeur, terminant 2e à sa première participation en 2018, puis vainqueur magistral l’année suivante. Beaucoup se rappellent de la cérémonie de podium de Lima, où l’Argentin avait demandé en mariage une jeune femme. Valentina, qui a tenu à garder le nom de Pertegarini, est maintenant assise dans le baquet de droite du Challenger piloté par Nicolas. C’était déjà le cas l’année dernière, mais les deux nouveaux venus dans la catégorie avaient subi trop de problèmes techniques pour rejoindre l’arrivée dans le classement officiel. Ce sera chose faite cette année, et avec la manière. Ils jouent certes en retrait au classement de la catégorie, mais ont réussi à s’imposer à deux reprises consécutivement. Une première pour un équipage lié par le serment du mariage !

Le coup dur du jour : les joies et les peines de Sébastien Loeb sur le Dakar, c’est un vrai roman d’aventures. Le pilote français y collectionne les étapes, s’est vu le gagner autant de fois qu’il l’a bel et bien perdu. Et le chemin de Yanbu est devenu l’un de ces sites de perdition où ses chances de victoire se sont envolées, au lendemain d’une journée où il s’était invraisemblablement relancé dans son match face à Carlos Sainz. Ce matin, avec un retard de 13 minutes sur un terrain à risques, Loeb tenait une occasion de pousser son rival à la faute. En dépit des problèmes de crevaisons qu’il a connus sur la première et sur la dixième étape, le chasseur n’a pas hésité à pousser le niveau d’attaque assez loin pour aller chercher tous ces paquets des secondes. Ce n’est pas par les pneus que le coup d’arrêt est arrivé, mais par un choc un peu trop brutal qui a cassé son train avant droit au km 132. Sans solution immédiate, l’Alsacien se retrouvait contraint d’attendre son assistance, autant dire lâcher un paquet d’heures. La providence est arrivée sous la forme du Hunter du Chinois Yungang Zi, qui a bien voulu céder la pièce qui permettait au champion de conserver sa place sur le podium. Encore fallait-il rejoindre l’arrivée sans trop tarder et éviter les crevaisons. En définitive, Loeb s’est arrêté à trois reprises pour terminer avec des roues en piteux état, mais suffisamment tôt pour sauver sa troisième place, avec 7 minutes d’avance sur Guerlain Chicherit.

W2RC : Ricky Brabec et Honda peuvent demain prendre la main des classements FIM. Sur le W2RC, l’Américain a déjà terminé vice-champion du monde en 2022, avant une 9e place la saison passée. Pour Ross Branch qui vise demain la 2e place du général, il s’agira d’une place inédite. 4e en 2023 après un 13e rang final en 2022. Pour Adrien Van Beveren en revanche, la 3e place à laquelle il semble voué est exactement celle que le Français a décroché lors des deux précédentes saisons. En l’état actuel, Honda prendrait la tête du classement des constructeurs, grâce aux performances combinées de Brabec et VBA qui rapporteraient 62 points. Hero MotoSports, avec le seul pilote qui leur resterait en course, placerait la marque indienne au 2e rang avec 30 points.
Sur un air de Classic : Lorenzo Traglio et son Nissan Pathfinder aux couleurs de Tecnosport ont peut-être réalisé un coup de maître aujourd’hui. À 797 points face aux 791 de Carlos Santaolalla ce matin, l’Italien a réussi aujourd’hui à rejoindre l’homme fort la première semaine. Ce soir, sur les bord de la Mer Rouge, un point sépare les deux équipages pour qui la dernière étape de demain aura tout sauf des airs de parade sur les rives du Lac Rose. Un dicton disait à cette époque que le Dakar n’était jamais gagné avant Dakar. Demain, pour rendre l’hommage qu’il rêve de délivrer à son père Maurizio, à la tête de Tecnosport dans les années 90, Lorenzo devra aller chercher plus d’un point avant Yanbu.

B.L.S. d’après un communiqué © Facebook/J.P. Béziat

Publié le 19 janvier 2024