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GUILLEM ROUX : CONCEPTEUR DE PROTOTYPES


Dans nos colonnes, nous parlons régulièrement de Norma Auto Concept, le constructeur de protos basé à Saint Pé de Bigorre dans les Hautes-Pyrénées. Derrière chaque aventure industrielle il y a obligatoirement des femmes et des hommes. Aujourd’hui nous allons vous parler d’un homme qui a fait ses premiers pas dans l’usine bigourdane avec sa blouse d’étudiant en 2002 et qui depuis cette date n’a plus quitté les lieux. Il s’agit du Nîmois Guillem Roux aujourd’hui bien intégré dans ce coin bucolique des Pyrénées. Au premier abord Guillem semble quelqu’un de réservé voire timide, mais toujours souriant même, lorsque la tension est a son comble, comme par exemple lors des premiers essais de la M200 en mai dernier sur le circuit de Nogaro. Guillem a pris un peu de temps sur un planning sur bouqué pour répondre à nos questions. Il nous reçoit dans ‘’son chez lui’’ qui ressemble à n’importe quel autre bureau, à l’exemple du personnage pas de fioritures inutiles. Un bureau sur lequel trônent plusieurs ordinateurs, une table de travail encombrée de documents divers et variés ; catalogues de fournisseurs, documentations techniques et autres. Quelques armoires qui regorgent de classeurs et deux ou trois posters accrochés aux murs qui rappellent des moments fort du constructeurs. Nous sommes bien loin des bureaux d’études pléthoriques que nous avons l’occasion de découvrir en feuilletant diverses revues. Peu importe, au bout du compte les résultats obtenus par le N.A.C. prouve qu’avec des moyens relativement modestes l’on peut faire de grandes choses.

Guillem parles nous un peu de toi ?

Je suis venu à Tarbes à la fin des années 90 pour faire mes études d’ingénieur à l’ENIT. Je suis rentré chez Norma le premier septembre 2003 après y avoir effectué plusieurs stages J’ai 31 ans, je vis avec Caroline, nous avons un fille Clémence âgée de 2 ans. J’ai été et je suis toujours passionné par la mécanique

Quand et pourquoi as-tu mis les pieds chez Norma ?

Dans le cadre de mes études au début de 2002, je devais effectuer un stage en entreprise, j’ai proposé ma candidature à Norbert Santos, candidature qui a été acceptée. Puis à la fin de cette même année je suis revenu pour faire un autre stage de fin d’études. L’ambiance, le travail m’ont beaucoup passionné. De fil en aiguille l’idée m’est venu de construire mon propre prototype. Il s’agissait d’un CM, j’ai demandé à Norbert si je pouvais le réaliser dans son atelier, il m’a de suite donné son accord.

Parles nous un peu de ce projet

C’est tout simple je l’ai dessiné et puis je me suis lancé dans sa fabrication. Je me suis inspiré de tout ce que j’avais appris et d’idées personnelles. Je l’ai cédé à une association d’étudiants d’un ENSAM et encore aujourd’hui il roule. Disons que c’est à partir de ce projet qu’est née la M20, l’ébauche du châssis étant bonne. Par contre il a fallu revoir certains éléments périphériques pour que le prototype M20 puisse être réalisé industriellement. Avec Norbert retouches par retouches nous avons finalement construit le premier proto M20.

Tes études terminées tu rentres chez Norma, pourquoi ce choix ?

A vrai dire je n’avais vraiment une idée bien précise de quoi serait faite ma carrière. Je suis resté ici parce que cela me plaisait et j’y suis encore ce qui veut dire que c’est encore et toujours vrai.

Comment as-tu évolué au sein de l’entreprise ?

Au début de l’année 2003, encore stagiaire j’ai participé à la réalisation de la première M20 qui était destinée à Vuillermoz pour la course de côte, puis j’ai travaillé sur l’évolution de la M 2000 basée aux USA. Au début tout était réalisé en étroite collaboration avec Norbert. Au fur et à mesure que de nouveaux projets ont été lancés Norbert m’a laissé de plus en plus de liberté, sans jamais quand même être trop éloigné des réalisations. Disons que de la M20F en passant par les M20 Evolution, la M 200, la M 200 P jusqu’à la dernière née la M20 FC, projet après projet, j’ ai pris de plus en plus de responsabilités, mais Norbert n’est jamais bien loin.

Norbert c’est en quelque sorte la mouche du coche ?

Oui l’on peut dire cela. Il pousse toujours les détails très loin, il remet en question beaucoup de choses ce qui permet de toujours avancer, de vérifier le bien fondé de notre travail, pour faire court d’être parfait.

Comment conçois-tu une voiture de course ?

L’on part d’une feuille blanche. Le plus important est de connaître la réglementation sur le bout des doigts et, je dirai même par cœur. Ensuite je trace les première esquisses manuellement, avant de passer à la modélisation sur ordinateur en 3 D. Au fur et à mesure que le projet avance il faut sans arrêt penser aux pièces en trois dimensions que l’on va lui apporter. Les premières des choses à prendre en compte lorsque l’on débute la conception, ce sont dans l’ordre la sécurité et, l’habitabilité en tenant compte de la réglementation

Qu’elle la partie la plus complexe que tu as à traiter sur une auto de compétition ?

Sans aucun doute le châssis, tu n’as aucun droit à l’erreur, c’est l’ élément clé de la réussite. Ensuite une autre difficulté, c’est celle de penser à tout, de ne négliger aucun détail aussi infime soit-il. Ce qui fait qu’il est bien difficile de se déconnecter.

Arrives-tu à dormir quand même ?

A vrai dire non, j’ai beaucoup de mal à m’endormir tellement un projet est prenant. Il n’est pas rare que je me réveille la nuit pour réfléchir à une chose ou une autre ensuite pour me rendormir cela n’est pas gagné. Pour te dire cette année je n’ai dormi correctement que de juillet à septembre, c’est-à-dire après les 24 Heures du Mans avec la M 200 P et avant le lancement de la construction de la M20 FC.

Quel est le modèle que tu as conçu qui te tient le plus à cœur ?

Je dirai un peu tous, mais la M20 FC est sans aucun doute celle qui me tient le plus à cœur. Dans le futur, nous pourrons aller très loin avec elle en termes d’évolutions.

Si un jeune venait te voir pour te demander des conseils pour suivre tes traces que lui dirais-tu ?

Si je prends mon exemple je lui dirais d’être un manuel avant tout. C’est-à-dire savoir assembler et même fabriquer une pièce pour l’imaginer ensuite en 3 D. Aimer ce que l’on fait et ensuite avoir de l’ordre et de la méthode et être persévérant, voila ce que je lui dirais.

Aujourd’hui Guillem fait parti des personnages incontournables de l’entreprise.Pour terminer il a marché sur les pas de son père Bernard pilote d’Autocross en pratiquant de la compétition dans cette même discipline de manière épisodique de 1997 à 2002 sur une RS Clio et une R5 toutes les deux quatre roues motrices. Cette dernière est aujourd’hui encore en activité pilotée par le Tarnais Fabrice Cabrol.

B.L.S.

Publié le 31 décembre 2010