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PHILIPPE DUMAS REVIENT SUR LES 24 HEURES DU MANS

Le natif de Toulouse, Philippe Dumas fut un excellent pilote de Formule Renault qui croisait le fer avec des pointures telles que Patrick Pilet, Simon Pagenaud, Alexandre Prémat, Loïc Duval ou Nicolas Lapierre lorsqu’il choisit, à 24 ans, de tourner la page. En 2004, il est ainsi devenu team-manager de l’équipe Hexis Racing, qu’il a menée aux titres de championne d’Europe FIA GT3 puis de championne du Monde FIA GT1. Ses responsabilités ne lui ont pas permis de disputer plus de… huit courses en neuf ans ! Participer en tant que pilote aux 24 Heures du Mans représentait donc un défi de taille, qu’il a brillamment relevé en signant des chronos de belle facture et en atteignant l’arrivée malgré les pièges multiples d’une épreuve à nulle autre pareille…Après quelques jours de réflexion, Philippe Dumas nous livre le bilan de son expérience dans la Sarthe.

« Cette course est vraiment un gros morceau de sport automobile. Elle doit être abordée avec beaucoup d’humilité et de respect. De plus, nous avons connu des conditions plus que difficiles en essais préliminaires, en qualification ou en course qui n’ont pas aidé ma partie de débutant ! Quelques « flashs » me reviennent, et pas seulement des choses positives. A commencer par ce drame de début de course. Nous sommes tous passés au ralenti à coté de la voiture d’Allan Simonsen et je me suis dit, je ne sais pour quelle raison, que c’était très grave, voire fatal. Pour dire vrai, cela m’a beaucoup perturbé et la terrible annonce qui a suivi n’a rien arrangé. Je me suis même demandé ce que je faisais dans cette voiture, pourquoi je courais tous les deux ans alors que j’ai un métier qui me plait et une famille à la maison… Mais c’est aussi une partie de ma vie, et j’en assume les conséquences. On a tendance à vite oublier que nous pratiquons un sport dangereux. Qu’Allan repose en paix, c’est la seule chose que je puisse dire tellement cela me touche. Ce premier Le Mans ne m’a pas épargné, avec les conditions changeantes et difficiles, le froid, la pluie par intermittence. Les Corvette n’ont pu délivrer leur rendement habituel car trop pénalisées en vitesse de pointe par la réglementation, alors que c’est vraiment une super voiture ! L’apprentissage des pneus de développement ou la découverte de la nuit n’ont pas été simples à gérer non plus. Il y avait beaucoup trop de paramètres inhabituels pour que l’aventure soit calme et sereine. D’un autre coté, j’ai l’habitude de me battre et de ne jamais baisser les bras. Donc, ce fut certes difficile et douloureux mais nous avons été dignes et passer le drapeau à damier fut un moment, non pas de bonheur, mais de soulagement.J’ai fait aussi quelques erreurs de pilotage. Je m’en veux de ne pas avoir été irréprochable mais je ne m’en veux pas d’avoir essayé. Je fais du sport automobile uniquement dans le but de donner le meilleur de moi-même. Je ne triche pas, que ce soit avec mon équipe ou derrière un volant. Et pour le reste, j’ai fait aussi de très bonnes choses, de très bons doubles relais si l’on compare avec mes coéquipiers du team Larbre et même avec les deux Corvette officielles. J’ai vécu une gigantesque expérience, qui n’aurait jamais pu voir le jour sans mon ami Manu Rodrigues et je l’en remercie, et sans Larbre Compétition et Jack Leconte bien sûr. Mais si j’ai la chance de revivre tout ça, je ne serai ni le même pilote ni le même homme à l’approche de cette course qui est certainement une des plus dures au monde. Un petit mot pour les membres d’Hexis Racing qui ont partagé cette aventure avec moi, Elise, Mick, Gil, Pierre et Gautier ainsi que pour toute l’équipe Larbre et plus particulièrement les gars qui ont travaillé sur la voiture 70, Cyril, Eric, Jean-Louis et j’en oublie. Je leur ai donné un peu de boulot supplémentaire et je m’en excuse. Il me restera aussi de très beaux souvenirs des moments magiques du Mans, que ce soit le pesage, la parade des pilotes dans le centre ville ou les hymnes avant le départ. Dernière parenthèse, je suis terriblement déçu pour mon ami Fred Mako, qui est sorti alors qu’il menait la danse en catégorie LM GTE Pro. La course automobile est cruelle parfois, mais cela a montré aussi qu’il est un être humain et non une machine. Il a été juste incroyable de rapidité et de domination et je crois qu’il mérite plus que jamais le statut que suggère Gary Watkins dans le magazine Autosport : « le meilleur pilote de GT au Monde ? » Pour l’anecdote et preuve de notre amitié, il m’avait prêté un de ses casques pour cette course et je suis fier de l’avoir eu sur la tête pour passer le drapeau à damier. »

Maintenant il est temps de revenir à la réalité et à mon équipe de course Hexis Racing. Pour la manche française de la Blancpain Endurance Series au Paul Ricard, nous courrons tout près de nos bases avec notre McLaren MP4-12C et nos trois super pilotes Alexander Sims, Stef Dusseldorp et Alvaro Parente. Nous aurons l’obligation de bien faire pour recoller au championnat et préparer une des courses les plus importantes de l’histoire d’Hexis Racing, les 24 Heures de Spa à la fin du mois de juillet…

Source Romane Didier @ photo R. Didier

Publié le 28 juin 2013